Monday, February 20, 2006

La Tunisie et le Protocole de Kyoto: Partie 2.

Suite du post du 16-12-05.

Le Protocole de Kyoto, qui fixe des objectifs chiffrés de réduction de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés, est entré en vigueur le 16 février 2005. La majorité des pays signataires ont ratifié le Protocol. Qu’en est-il de l’application réelle des directives de Kyoto? Ou en sommes-nous en 2006? Tout d’abord, situons – historiquement - la Tunisie dans ce contexte. En 2001, la Tunisie à soumis sa communication initiale à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC). En 2002, dans le cadre du projet PNUD-GEF (Programme des Nations Unies pour le Développement) de renforcement des capacités des pays du Maghreb dans le domaine des changements climatiques, la Tunisie a soumis un rapport sur ses futures stratégies environnementales. Le document vise à développer 8 axes énergétiques à savoir le développement (i) de la Cogénération, (ii) des Entreprises de Services Énergétiques (ESE), (iii) de l’énergie éolienne (iv) du biogaz, (v) du Chauffage solaire de l’eau, (vi) des centrales de fret pour la rationalisation de l’utilisation de l’énergie dans le transport de marchandises, (vii) de l’éclairage public efficace et (viii) de la promotion des lampes à basse consommation. En 2003, la Tunisie a présenté 47 différentes stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES); 33 dans le secteur énergétique, 4 dans le secteur agricole, 6 dans le secteur des forets et 4 dans la gestion des déchets. Le potentiel de réduction total de tous ces projets pour la période 2002-2020 s’élève à 240 MTECO2 (Mega tonne de CO2 équivalent). En 2004, l’Agence Nationale des Énergies Renouvelables (ANER) à travers le Centre d’Information sur l’Énergie Durable et l’Environnement (CIEDE) a dévoilé sa stratégie de mise en œuvre du protocole. Le CIEDE préconise d’utiliser une stratégie à 4 volets : sensibilisation, éducation, formation et information. Au courant la même année, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) spécifie que 60% des projets préconisés en 2003 (voir paragraphe précédent) peuvent être réalisé avec de petits projets de mécanisme de développement propre - CDM (Clean developement mechanism). Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) de son côté a identifié 10 projets potentiels de CDM en Tunisie se répartissant ainsi : 6 pour les énergies renouvelables, 3 pour la demande et l’offre d’énergie et 1 pour la substitution des énergies :

  • Énergie éolienne à Metline
  • Énergie éolienne à Talah
  • Génération d’électricité
  • Chauffage solaire pour le secteur résidentiel
  • Chauffage solaire pour le secteur hôtelier
  • Efficacité énergétique pour le secteur de l’éclairage public
  • Utilisation du gaz naturel liquéfié (GPL)

En 2005 – et à notre connaissance - la Tunisie a conclu deux MOU (Memorandum Of Understanding) en partenariat avec le Canada et l’Autriche. En outre, un accord avec la Banque Mondiale est en cours de finalisation. Cet accord permettre de financer trois projets de CDM à savoir :

  • Captage et nettoyage du méthane dans la décharge contrôlée du Grand Tunis. Objectif : contrôler l’émission de 4,7 millions de tonnes équivalent CO2 sur une période de 10 ans allant de 2006 à 2015;
  • Captage et nettoyage du méthane dans les décharges municipales contrôlées. Objectif : contrôler l’émission de 4,9 millions de tonnes équivalent CO2 sur une période de 10 ans allant de 2007 à 2016 ;
  • Réduction des émissions d’oxyde nitreux (N2O) dans les unités de fabrication d’acide nitrique. Objectif : contrôler l’émission de 1,8 millions de tonnes équivalent CO2 sur la période 2006-2015.

Sur un autre plan, en février 2005, pour mettre l’emphase sur l’entrée en vigueur du protocole, différents organismes et institutions Tunisiens ont organisé diverses activités de sensibilisation :

  • Ministère de l’environnement et du développement durable : Date : 16/02/2005 Lieu : Centre International de Technologies de l’Environnementales de Tunis Sujet : information sur l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto et le mécanisme de développement propre (CDM)
  • Association Tunisienne des Changements Climatiques et du Développement Durable (2C2D) Date : 25/02/2005 Lieu : la cité des sciences à Tunis Sujet : journée d’information sur « le protocole de Kyoto: première étape d’un processus à long terme »

Enfin à Montréal en Novembre 2005; 70 ministres et 10 mille participants parmi les représentants des gouvernements, des organisations internationales et de la société civile, se sont réunies dans le cadre de la 11ème réunion des Parties contractantes de la convention-cadre des changements climatiques. La Tunisie a participé à cette réunion avec une importante délégation.

Récapitulons, le cadre international est maintenant en place et les différentes Parties commencent à appliquer les directives de Kyoto. Au niveau de la Tunisie, comme mentionné plus haut, tout est mis en place pour qu’on participe activement dans le processus de Kyoto à travers le mécanisme de développement propre (CDM) et les différentes stratégies environnementales « locales ». La réussite de notre pays sera une réussite qui découle de ces deux niveaux : la politique environnementale tunisienne et la prise de conscience environnementale des citoyens. Le secteur de l’environnement est en pleine expansion en Tunisie. Notre pays a une stratégie environnementale et des objectifs environnementaux clairs. Cependant, nous devons passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne le recyclage. La Tunisie a déjà quelques projets pilote dans la ville de Tunis, nous devons élargir ces projets au niveau de toutes les villes et surtout encourager les gens à recycler. A un niveau plus micro, c'est-à-dire au niveau des citoyens, nous devons redoubler d’effort en terme d’éducation environnementale pour encourager nos concitoyens à avoir un style de vie « soutenable », « durable », ou « pro-environnemental ».

En somme, comme l’a dit John F. Kennedy « ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ». « Ask not what your country can do for you--ask what you can do for your country. »